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au découragement et abandonnait les lieux témoins de ses longues souffrances. Mais, en général, le courage des colons ne se ralentit pas. À force de travaux et de peines sans nombre, ils parvinrent à tirer de leurs terres plus qu’ils ne gagnaient aux chantiers. Ceux qui n’étaient pas trop endettés purent se libérer enfin, tandis que d’autres durent continuer à subir leur mauvais sort pendant encore assez longtemps ; mais leur nombre diminua à mesure que les terres s’ouvrirent et que les produits de l’agriculture se multiplièrent. Enfin, la concurrence commerciale vint apporter un certain équilibre dans les relations et soulager le défricheur, de telle sorte qu’aujourd’hui il ne reste plus trace de ce sombre passé, de l’enfantement pénible qui amena au jour une région nouvelle aussi riche d’avenir que l’est le Saguenay.


III


La Grande Baie, comme nous l’avons dit déjà, est entourée d’un cercle de prairies d’une étendue considérable et dont le sol est remarquablement fertile. Entre la Baie Ha ! Ha ! et Chicoutimi l’argile a quelquefois six cents pieds d’épaisseur. Elle semble avoir retenu encore quelque chose de l’impulsion