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1858-59 une population de 1,179 âmes ; il y avait 82 emplacements de pris et 128 enfants fréquentaient les trois écoles qui y étaient tenues, dont l’une, modèle, sous la direction d’une élève de l’école Normale Laval.

Plusieurs postes dépendaient de la mission de la Grande Baie ; c’étaient ceux de l’Anse Saint-Jean, de la Rivière Sainte-Marguerite et du Petit Saguenay. L’accroissement de population, dans le premier de ces endroits, avait été considérable ; aussi était-il devenu nécessaire d’y installer un missionnaire résident.

Cependant il y avait peu ou point de communications, ou du moins étaient-elles très difficiles. Les colons de l’Anse Saint-Jean étaient pour ainsi dire des exilés. Il n’y avait point de voie de terre ; en été, la voie d’eau seule existait par le Saguenay qui, l’hiver, se couvrait d’un pont de glace, et encore ce pont de glace refusait-il souvent passage des semaines entières, à la suite des tempêtes de neige ou des vents violents qui rompaient et soulevaient la croûte, et rendaient tout chemin impossible. D’un autre côté, l’ancien chemin du Marais, qui allait de l’Anse à la Malbaie, distante d’environ quarante milles, n’était plus praticable pour les voitures, à trois lieues seulement du point de départ ; en sorte que les habitants de l’Anse vivaient dans un petit monde à part qui se bornait à eux-mêmes, et dont l’ennui et les privations de toute nature augmentaient encore tous les jours l’isolement.