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voilà-t-il pas que le Manitoba vient à son tour faire entendre une voix redoutable qui nous convie à l’exploitation de son domaine, riche il est vrai, mais sous plusieurs rapports inférieur à celui qu’arrosent les larges rivières Chomontchouane, Mistassini et Péribonka, à l’ouest et au nord du Lac Saint-Jean. On est inondé de brochures sur le Nord-Ouest, qui le font valoir et qui prêchent l’exode vers cette plaine immense. À ces brochures se joignent les journaux jaloux de pousser encore davantage à ce mouvement qui, pour nous canadiens, équivaudrait à un nouveau dépeuplement de notre patrie.

Pas moins de quatre cents personnes arrivent tous les jours dans le pays de la Rivière-Rouge qui n’était qu’un désert il y a douze ans, et, en 1878, de nouveaux colons y ont pris possession de trois millions d’acres de terres à blé. Si cet élan continue, dans deux ans la province-métis aura deux millions d’acres produisant le blé, et ce chiffre doublera probablement avant cinq ans. C’est une addition de cent millions de boisseaux à la production de blé du monde, et l’on comprend aisément jusqu’à quel point l’Angleterre, qui