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Durant l’hiver qui suivit, la « pinière » fut de beaucoup plus considérable que toutes celles qui avaient été faites jusqu’alors ; mais faute des précautions nécessaires, le même malheur que le printemps précédent se renouvela, et l’on vit encore s’évanouir le fruit de six longs mois de labeur.

Ce n’était pas assez cependant de ces deux calamités coup sur coup. Au commencement de juin, un feu épouvantable ravagea les forêts et menaça d’incendier toutes les habitations de la petite colonie. Le torrent dévastateur allait tout anéantir et réduire au désespoir les malheureux bûcherons, lorsque vers le soir, par un bonheur inespéré, survint un orage diluvien qui étouffa la conflagration.


IV


Dès l’établissement de la Société des Vingt et un, son chef Alexis Simard avait fait un contrat avec M. Price qui s’était engagé à fournir pour les chantiers les provisions nécessaires. En échange, il recevait les madriers tirés des billots que les sociétaires faisaient durant l’hiver, qu’ils sciaient ensuite durant l’été et qu’ils mettaient enfin à bord des navires envoyés par M. William Price. Mais, à la suite des pertes énormes souffertes depuis deux ans, la société était endettée envers M. Price, ce qui découragea