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fils des anciens habitants, dont les terres sont amaigries ou désormais incapables de nourrir des familles trop nombreuses : « Ne me fuyez pas ; au moins ne quittez pas le pays de vos pères sans demander si je ne puis pas faire pour vous ce que vous voulez chercher loin de vos foyers ; formez des groupes, de petites colonies, et venez sur ma vaste poitrine ouverte pour vous recevoir ; venez ; mes forêts sont tendres et s’abattront aisément ; mon sol, las de son repos séculaire, attend impatiemment la fécondation, et vous n’aurez pas encore essuyé les sueurs de la première année de labeur que déjà je tiendrai prête votre récompense, et, d’année en année, je la ferai pour vous plus belle, plus riche, et je multiplierai mes dons à mesure que je vous demanderai moins de travail… »

Oui, voilà ce que nous crie la vallée du Lac Saint-Jean par chaque tige, par chaque plante qui sort de son sein. Écoutons-la, écoutons-la. Jamais appel n’a été plus décisif, et jamais pour nous besoin plus impérieux de nous y rendre. Comme s’il ne suffisait pas que les États-Unis nous aient pris six à sept cent mille de nos plus vaillants nationaux, ne