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LA VALLÉE

colons de nombreux endroits divers, charmés de n’avoir pas à faire subir au sol des préparations difficiles et parfois coûteuses avant de pouvoir en tirer parti. Il n’existe pas d’endroit plus propre à l’industrie laitière ; aussi les cultivateurs de Saint-Alexis ont-ils formé un cercle agricole pour le développement de cette industrie, et semblent-ils déterminés en outre à se prêter de tout leur pouvoir à tous les progrès agricoles et à toutes les améliorations possibles.

Par le chemin Matapédia et les grandes routes qui longent la rivière Ristigouche et les deux côtés de la Baie des Chaleurs, ils se trouvent en communication directe, d’un côté avec les groupes acadiens de la baie et ceux que l’on voit disséminés sur les côtes du Nouveau-Brunswick, de l’autre avec les populations canadiennes de la rive sud du Saint-Laurent ; et, par l’effet d’un double courant d’émigration se dirigeant des bords du fleuve à l’intérieur, et des paroisses acadiennes à la vallée de la Matapédia, cette belle et vaste contrée verra disparaître rapidement l’antique forêt, et de nombreuses et prospères colonies surgir de tous côtés sur son sol.

Cette forêt, les feux de jadis l’ont déjà considérablement diminuée ; c’est ainsi qu’ils ont porté leurs ravages sur une étendue d’environ cent cinquante mille carrés, en arrière du canton Milnikek, jusqu’à la Matapédia. — Néanmoins, l’épinette, le merisier, l’érable et le cèdre se trouvent encore en abondance dans les endroits où le feu n’a pas pénétré. Mais cette dévastation, qui date déjà d’une quinzaine d’années au moins, n’existera bientôt plus qu’en souvenir, la nouvelle pousse, qui remplace les bois de haute futaie naguère consumés, ayant déjà dépassé vingt à vingt-cinq pieds de hauteur.