devaient pas tarder à être connues de ceux qui avaient pris à cœur de la voir prospérer.
Un mouvement d’irrésistible sympathie avait couru par toute la province de Québec à la nouvelle de la détresse des frères acadiens. Avant d’être connue du public, cette détresse l’avait été d’un certain nombre de généreux citoyens de Québec qui avaient formé un comité de colonisation et qui ne cessèrent, pendant plus de deux années, de solliciter des dons et des souscriptions de toute nature en faveur des braves colons nécessiteux.
Dès l’année 1861, ils avaient formé entre eux la petite somme de 126 dollars, destinée à l’achat de grains de semence et de certains outils de première nécessité. Le gouvernement donnait en outre 200 dollars pour un commencement de chemin dans l’intérieur du canton de Matapédia ; les élèves des collèges, encore tout chauds du souvenir de l’expulsion barbare des Acadiens de leur terre natale, en 1754, s’étaient cotisés pour venir en aide à leurs descendants ; la presse s’était émue et plusieurs journaux avaient ouvert des listes de souscription ; bref, vingt-huit mois ne s’étaient pas écoulés que la sympathie et la générosité publiques avaient produit la somme respectable de 1457 dollars, et le gouvernement ayant fourni de son côté $2,500, on se trouvait avoir distribué aux cinquante familles acadiennes de Matapédia, durant ce laps de temps, un montant total de près de 4000 dollars.
On avait aussi construit un bac ou chaland pour traverser la rivière Matapédia, que les colons étaient obligés de traverser auparavant en canot, quand ils le pouvaient, avec bien des difficultés, et souvent même en exposant leur vie.