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DE LA MATAPÉDIA

nouvelles demeures dans un pays où la libre tenure, l’excellence du sol et les facilités de paiement données à l’acquéreur pouvaient offrir des motifs déterminants de départ aux hommes de volonté et d’initiative. M. l’abbé Belcourt, missionnaire acadien à Rustico, avait donné l’impulsion à ce mouvement d’émigration et s’était d’abord assuré, pour cet objet, la réserve d’une certaine étendue de terre dans le canton Matapédia.


Réunir autant que possible les catholiques des possessions anglaises dans la province qui leur offre la plus grande liberté pour leur religion, leur langue et leurs lois, telle était la pensée dominante de cet homme qui agissait surtout en vue d’assurer l’avenir aux hommes de sa race. Puisqu’un fort contingent des Acadiens de Rustico étaient obligés d’émigrer, naturellement ils devaient se porter vers le pays qui leur offrait le plus de garanties pour la conservation de ce que l’homme a de plus cher au monde, sa langue et sa religion. De là au choix de l’endroit le plus immédiatement avantageux et le plus facile à atteindre, il n’y avait qu’un pas, et ce pas se trouvait franchi par l’exploration des nouveaux-venus sur les bords de la Matapédia et de la Ristigouche.

Ceux-ci, partis au nombre de douze de l’Île du Prince-Édouard, étaient arrivés, après une heureuse traversée, à la mission de Ristigouche. Aussitôt, ils s’étaient dirigés vers le nouveau pays, objet de leurs espérances. Là, ils se divisent en deux groupes chargés, chacun, d’explorer