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LA VALLÉE

l’un des plus beaux qui aient jamais été faits dans la province, avait joui d’une réputation proverbiale. C’était la grande route par où passaient les malles et les voyageurs allant d’une province à l’autre, et l’on y voyait une circulation presque incessante, quoiqu’il n’y eût encore que de rares habitations sur son parcours. La construction de « l’Intercolonial » avait été en grande partie la cause de cette activité, le chemin de la Matapédia lui étant devenu absolument indispensable pour le transport du matériel, de tous les objets et de tous les hommes nécessaires à l’établissement de cette voie ferrée.

On pouvait compter alors les habitations qui apparaissaient, à de longs intervalles, dans la moitié supérieure de la vallée. À vingt milles de Sainte-Flavie, on trouvait Malcolm Fraser, seul, là où s’élève aujourd’hui la paroisse de Saint-Moïse. Sept milles plus bas, à l’extrémité nord-est du lac Matapédia, se dressait également, dans une complète solitude, la maison de Pierre Brochu, ouverte à tous les voyageurs. Aujourd’hui, l’antique maison hospitalière a fait place à un village florissant qui porte le nom de Sayabec. — De là, il fallait faire dix autres milles avant d’atteindre la plus prochaine habitation, celle de Marcel Brochu, fils du précédent ; et enfin, après avoir parcouru dix milles de plus encore, on atteignait un endroit appelé La Fourche, habité par une seule et unique famille, celle des Noble.

À part ces quelques habitations, échelonnées sur un aussi long parcours, on ne voyait que quelques relais de poste de distance en distance.