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LA VALLÉE

Dans ce temps-là, le grand chemin de Matapédia, qui a ouvert à l’agriculture toute la vallée de ce nom, n’était pas encore commencé, puisqu’il ne date que de 1863. Aujourd’hui, il est bondé d’établissements sur presque tout son parcours et, depuis Sainte-Flavie qui, à cette époque, constituait à peu près la limite des établissements, jusqu’au canton de Ristigouche, à l’entrée de la Baie des Chaleurs, il offre une longue et belle voie de communication qui a fait plus, pour le développement de cette contrée, que le chemin de fer « Intercolonial » lui-même.

Non seulement le chemin de Matapédia n’était pas ouvert, il y a trente-cinq ans, (c’était une grande voie qui devait devancer la colonisation) mais encore, et à plus forte raison, n’y avait-il de chemin d’aucune espèce, à peine même un sentier rudimentaire conduisant du littoral du fleuve à l’intérieur. Ceux qui amenaient avec eux cheval et voiture étaient obligés de les traverser, lorsque les rivières étaient trop profondes, sur des planches mises en travers de deux canots.

Ils allaient à l’aventure, choisissant comme ils pouvaient les meilleures terres, suivant les indices extérieurs ; ils s’établissaient, sans songer aux peines, aux labeurs et aux difficultés de l’avenir, là où ils avaient fait leur choix, loin de toute communication, de tout secours et souvent aussi sans perspective définie devant eux.

Vers 1830, le gouvernement canadien, voulant rattacher la Baie des Chaleurs au reste de la province et ouvrir un passage par terre avec les provinces maritimes, fit faire