Page:Buies - La vallée de la Matapédia, 1895.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.

7
DE LA MATAPÉDIA

une demeure heureuse et de mener la noble et libre vie de l’homme des champs. — La désastreuse émigration des Canadiens aux États-Unis aurait pu être combattue suffisamment pour l’empêcher de devenir un véritable fléau, et nous aurions vu s’accroître proportionnellement la population et la richesse de notre province ; mais il est temps encore d’appliquer un remède salutaire en faisant connaître et en faisant valoir les endroits où la colonisation peut se porter avec certitude de succès et de prospérité. C’est vers ce but que tendent aujourd’hui les efforts des esprits généreux qui mettent le patriotisme dans les faits, dans l’étude et la vulgarisation des connaissances concernant chaque région en particulier, de façon à ce que défricheurs et colons, également, sachent d’avance où se diriger et quel parti ils pourront tirer promptement des endroits qu’ils auront choisis pour y créer des foyers nouveaux.



La colonisation ayant été, pendant de longues années, si étrangement organisée et conduite dans notre province, ses méthodes ayant été si peu comprises, elle-même si détournée de ses fins et dénaturée au point de n’être, dans bien des cas, qu’un instrument aux mains des spéculateurs politiques, on a négligé de donner sa pleine et entière efficacité au seul moyen qui aurait pu arrêter le dépeuplement de nos vieilles paroisses, en fournissant aux colons toutes les facilités de parvenir aux domaines encore vierges de la couronne et de s’y établir. Ceux des nôtres qui, de découragement, abandonnaient les anciennes demeures familiales, pour aller chercher leur subsistance