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sans apercevoir la moindre trace ni le moindre vestige d’habitation, ni même de passage de l’homme.

La Mistassini est navigable sur une longueur de vingt milles ; on peut remonter la Chamouchouane pendant quinze milles, et la Ticouapee le double de cette dernière distance.

Sur la rivière Ouiatchouane, à un mille environ de son entrée dans le lac Saint-Jean, se trouve la fameuse chute de ce nom, qui n’a pas moins de 230 pieds de hauteur et que l’on aperçoit de partout, comme si on l’avait exactement en face de soi, à quelque endroit qu’on se trouve au nord du lac.

Toutes ces rivières égouttent des terrains d’une grande fertilité. Presque partout le sous-sol se compose de roches calcaires, sur lesquelles reposent des couches de terre glaise (argile) qui ont parfois plusieurs centaines de pieds d’épaisseur. Les dépôts superficiels, mêlés à cette terre glaise, se composent d’alluvions sableuses, d’humus et de détritus végétaux qui forment une terre arable d’une grande richesse, surtout à l’ouest et au nord du lac. Comme de raison, il y a des exceptions, des endroits moins fertiles ; mais la description que nous venons de donner s’applique d’une manière générale à toute la contrée.

Cette fertilité, du reste, est établie a priori par la nature même des forêts de cette région, forêts dont les essences dominantes sont l’orme, le frêne, le merisier, l’érable, l’épinette rouge, l’épinette blanche, le pin, le cèdre, la pruche et même le bois blanc.

III.

On a dit, il y a longtemps déjà, que la vallée du lac Saint-Jean deviendrait un jour le grenier de la province de Québec. Le fait est qu’elle peut former à elle seule une province entière, et, dans tous les cas, elle est destinée à devenir avant peu un vaste champ d’approvisionnement pour la capitale, en même temps que celui vers lequel se tourneront