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cera par une église en pierre. M. le curé Belley, homme d’action et de progrès, travaille avec ardeur à l’avancement de sa paroisse. C’est un endroit d’avenir.

Le 14 nous avons visité Saint-Félicien, une paroisse de 1,000 âmes. Le village et l’église sont bâtis sur une élévation en face de la rivière Aschouapmouchouan, large en cet endroit de sept arpents. Nous la traversons pour nous rendre à Tikouapé. Le bateau à vapeur la remonte au printemps jusqu’à l’église.

Il y a aussi à Saint-Félicien des terres de première qualité.

En arrière de cette paroisse, à la rivière Doré, il y a une mission qui se compose actuellement de sept familles. La récolte, cette année, y est d’une magnifique apparence. On peut acheter là de très bonnes terres, à des conditions très avantageuses, en s’adressant à l’agent des terres.

Tikouapé, ou Saint-Méthode, est une nouvelle paroisse, qui possède un prêtre depuis un an. Il y a d’excellentes terres en cet endroit, mais, malheureusement, le débordement de la rivière, causé par l’élévation des eaux du lac au printemps, est un grand inconvénient. L’eau recouvre une grande partie des terres en mai et en juin, dans le temps des semailles, ce qui oblige les cultivateurs à laisser ces endroits en prairie ou en pâturage. Nous nous sommes ensuite dirigés vers le canton Normandin. Nous nous sommes rendus jusqu’à la chapelle. C’est sans contredit le plus beau canton de tous ceux qui avoisinent le lac. La terre est argileuse et fertile. Nous en avions la preuve sous les yeux : prairies et champs de grains magnifiques. Dans les environs de la chapelle il y a des cultivateurs dont les constructions annoncent l’aisance. Tout le monde s’accorde à dire que Saint-Cyrille de Normandin sera avant peu une des plus riches paroisses de la vallée du Saguenay.

Le canton Albanel, où sont déjà rendus quelques colons, offre aussi la plus belle perspective. Il y a là du terrain pour des centaines et des centaines de colons. Lorsque le chemin de fer traversera ces cantons, ce qui aura lieu indubitablement dans un temps qui ne peut être éloigné, le Saguenay sera le grenier de la province de Québec.

De Normandin nous sommes revenus sur nos pas à Roberval, passant par la Réserve des Sauvages. Nous avons eu le plaisir d’y rencontrer les RR. PP. Arnault et Laporte. Ce dernier dirige actuellement les travaux de construction d’un édifice en pierre de grandes dimensions, à trois étages, avec toit français.

Nous avons vu là plusieurs familles sauvages campées dans les environs de la chapelle.

En cet endroit l’horizon est très étendu et le coup d’œil ravissant.

Le 16 nous nous sommes acheminés vers Chicoutimi. La première paroisse que nous avons visitée est Saint-Jérôme. L’église et le village sont à proximité du lac. C’est un joli site. Pour nous y rendre nous traversons en bac une anse formée par le lac, et dans laquelle se jette la rivière Métabetchouan. C’est l’ancien port des sauvages. Les travaux de l’embranchement de Chicoutimi sont arrêtés en cet endroit. Il s’agit maintenant de traverser l’anse par la construction d’un pont dont le coût, dit-on, ne sera pas moins de $90,000.

Il y a aussi de bien bonnes terres à Saint-Jérôme, mais le terrain est accidenté. Les coulées sont fréquentes et forment des côtes dignes de mention. Mêmes coulées dans Hébertville.

Hébertville, qui porte le nom de son fondateur, feu le regretté messire N. J. Hébert, curé de Kamouraska, est une belle et grande paroisse. Le village est bâti sur les bords de la rivière des Aulnaies. L’église, construite en beau granit rouge, sur une élévation, domine tout le village. Elle