accourait-elle mardi dernier au devant de Sir Narcisse pour s’affirmer et pour avoir droit à l’avenir, en payant quatre dollars à M. Hogan qui s’était chargé du banquet au St. Patrick’s Hall.
La Minerve « attendait de ses compatriotes cette démonstration qui, pour être spontanée, n’en aurait que plus de mérite. » Et plus loin, elle ajoute :
Ce premier témoignage devra être suivi d’un égal entrain pour le concert de mercredi. Nous nous attendons à y trouver tous ceux qui ont la prétention de chérir l’autonomie du Bas-Canada. Le pays en retiendra les noms pour savoir où sont ses amis véritables.
Après les calculs les plus économiques, le prix des billets pour le déjeuner a été fixé à $4. Bien peu de personnes ne pourraient assister à ce déjeuner ; nous avons la confiance qu’il n’y en manquera pas une.
Ce pas une est unique. Pas une de qui ? On ne peut pas se trouver 1,300,000 âmes dans la salle St. Patrick.[1] Mais ce n’est pas de raisonner qu’il s’agit.
Voulez-vous être un ami véritable de votre pays ? Venez, cela coûte quatre dollars. Voulez-vous au contraire bouleverser toutes les lois qui nous gouvernent, ne venez pas au déjeuner ; on saura qui vous êtes.
J’ai fait ce calcul. Il y avait 130 personnes à ce déjeuner, nous avons une population d’à peu près 1,300,000 âmes ; donc nous sommes 1,299,880 rebelles contre 130 amis de leur pays et des dindes truffés.
Ce qu’on admirera, c’est une démonstration spontanée à laquelle on s’attend deux ou trois jours d’avance, dont toutes les péripéties et les phases sont indiquées rigoureusement, et dont le programme enfin, contenant l’indication des lieux et des heures, est depuis longtemps arrêté.
L’autonomie du Bas-Canada s’est trouvée représentée ce jour-là par la société St. Jean Baptiste qui se trouve toujours seule à tout représenter, et qui est arrivée là spontanément, comme elle arrive toujours, composée des mêmes personnages.
Une vraie improvisation ! et soyons certains que nous les trouverons encore à la première opportunité. Ces gens-là n’ont pas besoin de se prévenir entre eux ; ils se trouvent d’instinct dans toutes les chances qui s’offrent de goûter un bon morceau et de le digérer au nom du pays.
M. le président de la société St. Jean-Baptiste s’est surpassé toutefois dans l’adresse qu’il a présentée au lieutenant-gouverneur. Il a dit en parlant à Son Excellence :
Comme Société canadienne-française, nous ne dissimulerons pas, dit-il, que nous regardons la haute dignité dont vous avez été revêtu par Sa Majesté
- ↑ Population approximative du Bas-Canada tout entier. Depuis l’établissement de la Confédération, en 1867, le Bas-Canada a pris le nom de Province de Québec.