Page:Buies - La Province de Québec, 1900.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

riale pour les terres déjà concédées, mais ils ne l’étendirent pas au delà, et lorsqu’à la suite de la guerre de l’indépendance, le gouvernement anglais voulut récompenser les loyalistes américains qui lui étaient restés fidèles, il leur donna des terres en « propriété libre » (free and common soccage) dans la province du Haut-Canada (Ontario) et dans les « Cantons de l’Est » de la province du Bas-Canada ( aujourd’hui appelée celle de Québec.)


Mais déjà, bien avant la distribution faite aux loyalistes, l’Exécutif colonial avait commencé à livrer de grandes étendues du domaine public encore inculte à des accapareurs de terres, sans les forcer à les établir sous peine de confiscation. Ainsi, la « Compagnie des Terres de l’Amérique Britannique » en avait reçu pour sa part 600,000 acres.[1] De 1793 à 1811, plus de trois millions d’acres de terres publiques avaient été distribués à deux cents favoris, dont quelques-uns eurent jusqu’à 60,000 ou 80,000 acres chacun ; le gouverneur lui-même, sir Robert Shore Milnes, en prenait, pour sa part seulement, 70,000 acres. Dès lors les accapareurs n’eurent plus qu’un objet : attendre du temps une augmentation dans la valeur des terres, tout en guettant l’occasion d’une bonne spéculation. De la sorte, ces domaines, dérobés à la colonisation et conservés à leur état sauvage, servaient de barrière pour empêcher les colons de pénétrer plus avant dans l’intérieur du pays.

  1. Deux acres et demi font un hectare.