tous les yeux se sont-ils tournés vers elle en y restant longtemps rivés par le respect et l’admiration ; pas un écrivain américain qui n’y ait consacré des pages éloquentes et émues, pas un seul qui ne soit venu remuer cette poussière féconde, pour y chercher les grandes leçons à transmettre aux générations futures ; pas un seul qui n’ait étudié ses fondations déjà séculaires, pures œuvres de sacrifice et de dévouement inépuisable ; pas un qui ne se soit incliné devant le nom immortel, quoique bien humble, de la duchesse d’Aiguillon, de Mme de la Peltrie, de Marquette et de Brébeuf, aussi bien que devant les noms retentissants de Montcalm et de Wolfe. Ces fondateurs et ces martyrs n’ont pas gagné de batailles, mais ils voulaient gagner tout un monde à la foi chrétienne : ils soignaient les blessés et combattaient la mort que les guerriers semaient partout, et si nous devons admirer les hauts faits d’armes, que ne devons-nous pas sentir en présence de ces touchants et sublimes exemples qui illuminent d’un rayon doux et consolant bien des pages sanglantes ?
Avez-vous remarqué, Messieurs, depuis un certain nombre d’années, quelle ardeur de recherches, quelle étude passionnée nos écrivains canadiens dirigent sur Québec, point de mire pour ainsi dire unique, seul endroit du pays digne d’un intérêt qui se soutient dans tous les temps ? Le vieux Charlevoix avait déjà pressenti dès 1720 ce que deviendrait un jour notre ville parmi les cités monumentales de l’histoire, et il s’écriait dans son enthousiasme : « De même que Paris a été pendant longtemps inférieur à ce qu’est aujourd’hui Québec, de même il viendra un temps où celle-ci sera l’égale de Paris, et alors, aussi loin que l’œil peut atteindre, il ne découvrira sur les rives du St. Laurent que des villes, des demeures somptueuses, de riches prairies, des champs fertiles et des collines chargées de moissons, des quais superbes bordant la capitale, son port entouré d’édi-