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la ville fait largement et généreusement sa part, dans l’état obéré de ses finances, en contribuant pour $30,000 à l’exécution du plan de Lord Dufferin. Ce qu’il y a de plus extraordinaire, c’est qu’on veuille charger Québec de construire à ses propres frais un édifice qui ne lui appartiendra pas. Est-ce que la citadelle, est-ce que les terrains militaires, est-ce que les fortifications n’appartiennent pas au gouvernement fédéral, et ne trouverait-on pas prodigieusement absurde de charger Québec de leur entretien et des réparations qui pourraient être nécessaires ? Eh bien ! alors, quand bien même le gouvernement fédéral ajouterait à toutes ces possessions, au prix de $100,000, un édifice de plus, où est donc la différence ? La différence ! c’est que cet édifice aurait une valeur réelle, que sa construction, au lieu d’être une dépense inutile ou contestée, est approuvée de tout le monde, tandis que les terrains militaires, que le gouvernement fédéral s’obstine à garder, n’ont aucune valeur entre ses mains.

Le Globe donne encore pour argument que si le gouverneur-général actuel préfère Québec, son successeur pourrait fort bien aimer de préférence un autre endroit, où il voudrait à son tour faire construire un château, et, qu’ainsi, le Dominion en aurait été pour ses frais en élevant à Québec le château St. Louis. Évidemment la fortune du Globe est faite, s’il a le courage de dire des choses comme celles-là à 40,000 abonnés quotidiens ; autrement, il hésiterait, c’est bien sûr.

Craindre que chaque gouverneur successif veuille avoir une résidence différente et ne demande pour cela un nouveau $100,000 au parlement fédéral, c’est supposer à ces grands dignitaires une humeur beaucoup trop mobile, des goûts bien divers, c’est leur supposer une diversité de tempérament et une instabilité auxquelles nul d’entre eux ne nous