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restés incomplètes, et d’autres simplement ébauchées ! Ainsi, me voilà parvenu à l’extrémité de la plateforme et je ne sais pas comment atteindre le sommet du cap, à deux pas seulement, ni aborder le château St. Louis dont je vois pourtant le pont-levis abaissé, les archers inoffensifs et les créneaux muets. Avoir fait le tour de Québec et découvrir qu’il reste encore quelque chose à faire après cela, n’est-ce pas déroutant ? Si l’on écoutait le Globe, on ne le ferait pas du tout ; c’est beaucoup plus simple ; mais la simplicité, qui est souvent de la grandeur, devient ici de la petitesse. Conçoit-on que ce grand organe, qui a 40,000 abonnés dans tout le Dominion, qui remue des flots d’or, nous marchande à nous, à notre pauvre cité ruinée au profit de toutes les autres, et dispute au gouvernement fédéral une dépense de trente mille louis pour élever une résidence d’été au gouverneur-général ? « Ce doit-être là, dit-il, une dépense de cale. » Ah ! vraiment ! Eh bien, alors, pourquoi la ville d’Ottawa n’a-t’elle pas été chargée toute seule de la construction de Rideau Hall, résidence d’hiver, et n’est-elle pas taxée uniquement pour son entretien ? À quel titre la construction d’un château d’été pour le gouverneur-général de toutes les colonies devient-elle une dépense locale ? Est-ce à la ville de Québec ou bien au gouvernement fédéral qu’ont été transférées la forteresse, les fortifications et tous les terrains militaires qui se trouvent dans notre ville et qui en prennent une si large part ? Est-ce nous seuls, les Québecquois, qui sommes appelés à payer pour le maintien du système colonial, et, sinon, en quoi serions-nous tenus exclusivement, avec nos seules ressources, d’élever une demeure somptueuse au gouverneur-général, qui est le plus haut représentant de ce système ? Quoi ! nous aurions seuls, nous qui ne sommes que 70,000 dans une confédération qui compte quatre millions d’âmes, le magnifique privilège d’offrir, à nos frais et dépens, une éternelle hospitalité