Page:Buies - L'ancien et le futur Québec, 1876.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 34 —

C’était l’hiver ; il n’y avait pas alors d’aqueduc, on ne connaissait pas non plus les pompes à vapeur, à peine y avait-il même de l’eau qu’on était obligé de faire dégeler au fur et à mesure, de sorte que les flammes ne tardèrent pas à envelopper l’édifice tout entier et à le consumer sous les yeux de milliers de citoyens impuissants à conjurer le désastre. Le château ne fut pas rebâti, mais on en rasa les ruines et on les remplaça par la terrasse Durham qui fut ouverte au public en octobre 1838, et prit le nom du fastueux gouverneur, homme d’état remarquable autant que pompeux gentilhomme, qui rattachait des provinces ensemble comme il menait des voitures à quatre chevaux. L’union des deux Canadas suivit de deux ans la construction de la plateforme ; mais on ne songea pas à imiter cette tradition, et à prolonger la même plateforme jusqu’au glacis, lorsque, 27 ans plus tard, les provinces furent réunies en confédération.

Ce qu’un gouverneur anglais avait conçu et fait en partie, un autre veut le continuer ; mais, cette fois c’est plus difficile ; il faut compter non-seulement avec le bon vouloir de 210 membres, dont les trois quarts sont tout-à-fait indifférents aux projets de Lord Dufferin, mais encore avec la mauvaise fortune obstinée qui s’attache à tout ce qui est entrepris en faveur de Québec, mauvaise fortune, soit dit entre parenthèses, que nous-mêmes contribuons par dessus tout à nourrir, comme s’il nous était impossible d’être d’accord une seule fois sur les moyens à prendre quand nous le sommes absolument sur l’objet à poursuivre.

Un pont de fer, passant au-dessus de la côte de la Montagne, mettra de niveau en les unissant la terrasse du parlement et le terrain sur lequel s’étend la plateforme. Le voyageur, un instant ébloui par l’aspect merveilleux de notre corps législatif, admirera le nouveau bureau de poste qui a conservé sur son frontispice le chien d’or et sa légende insépa-