notre ville, si un certain nombre de nos rues, que les saints protégeraient tout aussi bien quand même elles ne porteraient pas leurs noms, s’appelaient Iberville, Talon, La Salle, Marquette, Joliet, Brébœuf, Lallemant, Colbert, Bienville, de Beaujeu, Lévis, Montcalm, Bougainville, Callières, Tracy, Carleton, Papineau, Vallières, Du Calvet et tant d’autres pour se terminer enfin par Dufferin, nom qu’on donnerait au boulevard de ceinture, qui, je l’espère bien, ne s’appelle pas boulevard St. Pancrace.
V.
Du temps de Frontenac, une redoute s’élevait à cent pieds au-dessus du château, sur la pente même du cap Diamand ; le fort, qui formait un vaste quadrilatère, était bordé d’une galerie avec balcon dans toute sa longueur. Vous savez que le château St. Louis s’élevait sur la crête même du cap, à l’endroit où se trouve aujourd’hui la plateforme, et que les piliers qui soutiennent celle-ci, espèce de barbacane reposant dans le roc, n’étaient autres que les fondations de cette ancienne demeure vice-royale. À la fin du siècle dernier, comme le château vieillissait, on en construisit un autre, que vous pouvez voir aujourd’hui sous la forme de l’École Normale, et en 1809, sous le gouverneur Craig, on répara l’ancien château qui avait continué d’être la résidence des officiers du gouvernement. C’est alors qu’on donna à ce dernier le nom de nouveau château, tandis que le véritable nouveau, celui qu’on avait fait récemment, prenait le nom d’ancien et devenait le lieu des grandes réceptions.
Le 23 janvier 1834, un feu terrible se déclara tout-à-coup dans l’antique et glorieux édifice où les vice-rois de la France l’un après l’autre avaient demeuré, que les sièges successifs de Québec avaient laissé intact, et qui avait reçu, pendant plus de soixante ans, une longue série de gouverneurs anglais.