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mais encore plus peut-être le nord-est, cet ennemi traditionnel de Québec, qui lui enleva un étage en 1624. Outre le château, il y avait le fort comprenant le magasin, les casernes, etc., le tout entouré d’un rempart en bois. Le successeur de Champlain, Montmagny, fit élever un rempart de cèdre et de chêne s’étendant jusqu’à la place d’Armes, rempli de terre, surmonté de canons et entouré d’un fossé. En 1629, Champlain, resté seul dans son fort fragile, n’ayant ni vivres, ni munitions, ni soldats, fut obligé de capituler devant l’amiral Kertk qui venait s’emparer du Canada. Toute la petite colonie naissante dût quitter Québec et s’en retourner en France, mais trois ans plus tard, par le traité de St. Germain-en-Laye, l’ancienne mère-patrie recouvrait le Canada, et Champlain y revenait l’année suivante.

Plus d’un demi-siècle s’était écoulé, et l’on touchait à la fin de l’année 1690. L’homme qui gouvernait alors le Canada était le comte de Frontenac, le plus grand nom de tous les vice-rois de la Nouvelle-France. Les colonies américaines, exaspérées de l’audace aventureuse de nos petites expéditions qui traversaient d’immenses étendues de forêts pour aller porter le deuil et la ruine jusque sur leur territoire, avaient équipé à leurs propres frais une flotte pour assiéger Québec, et levé une armée pour envahir le Canada par terre. L’armée était commandée par Winthrop ; elle échoua dans sa tentative dès les premiers pas ; la flotte, commandée par Sir William Phipps, arriva devant Québec le 16 Octobre 1690, en même temps que Frontenac y ramenait en toute hâte la petite armée avec laquelle il était allé combattre Winthrop. Aussitôt l’amiral anglais crut devoir envoyer un officier porteur d’une sommation de se rendre au comte de Frontenac ; cette sommation ne lui donnait qu’une heure pour faire connaître sa réponse, et exigeait qu’il se rendît à merci.