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De longues, longues années plus tard, les jésuites construisirent leur collège dans sa forme actuelle, grand édifice de 224 pieds sur 200, d’une charpente solide, comme le témoigne l’impossibilité de le démolir, qui a survécu aux abolitions successives de ses fondateurs, et qui, aujourd’hui, défie deux gouvernements de porter la main sur lui. Il a servi depuis cent ans à toute espèce d’objets ; on y a vu les quartiers des soldats, on y a vu des tribunaux ; maintenant on peut contempler dans la vaste cour qu’il renferme un rond à patiner, dans cette même cour où se dressaient encore en 1825 de magnifiques rejetons de la forêt primitive, arbres séculaires que les soldats anglais, installés dans le collège, crurent devoir abattre pour ne pas être gênés dans leurs right about turn. Après l’abolition de l’ordre des jésuites en 1764, ceux-ci devinrent de simples particuliers, et à la mort du dernier d’entre eux, le père Casot, arrivée en 1800, leur propriété vint s’ajouter au domaine de la couronne. Il paraît que les jésuites de nos jours contestent la légalité de cette possession ; une admirable brochure, que l’on dit inspirée par eux, a même paru à ce sujet l’année dernière, dans laquelle il est dit que le premier ministre qui osera faire donner un coup de pioche à l’antique édifice, est tout simplement Belzébuth en personne. C’est le cas ou jamais de dire que les comparaisons sont toujours odieuses.

Nous en étions arrivés de notre promenade autour des remparts à la Grande Batterie. C’est ici que les monuments se succèdent et se rassemblent. Parlons d’abord du plus ancien, du Séminaire de Québec fondé en 1663 par Mgr. de Laval. Pendant un siècle, le séminaire n’eut d’autre objet que de fournir des ecclésiastiques ; mais dès que les Jésuites durent cesser d’enseigner en 1764, le séminaire les remplaça dans cette mission et reçut toute la jeu-