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Récollets qu’était suspendu le pavillon du vaisseau amiral de Phipps, que des canadiens avaient été enlever sous le feu de l’ennemi en plein fleuve ; ce pavillon disparut en même temps que l’église était détruite par les canons de l’armée de Wolfe, quelques jours avant l’assaut des plaines d’Abraham. Des arbres superbes, dont ceux qui entourent aujourd’hui la cathédrale anglaise ne sont qu’une faible image, ombrageaient au dernier siècle le couvent et l’église des Récollets ; ces arbres étaient les derniers débris de la forêt antique ; au pied de l’un d’eux, Champlain avait dressé sa tente en arrivant à Québec, et l’on put voir jusqu’en 1857 le seul survivant de ces géants des bois dresser encore sa tête ravagée par l’âge et les orages. ; il fallut pour l’abattre les éléments déchaînés, et il ne céda qu’à la violence d’une tempête furieuse qui faillit emporter la moitié des toits de la ville.

En même temps que Champlain amenait les Récollets à Québec, un autre ordre religieux, qui devait jouer un grand rôle dans la colonie, y envoyait sous le patronage du duc de Ventadour, vice-roi de la Nouvelle-France, trois de ses membres ; c’étaient les pères Lallemand, Brébœuf et Massé qui venaient fonder la mission des jésuites en 1624. Ces révérends pères restèrent d’abord chez les Récollets, en attendant qu’ils fûssent en moyen de s’établir eux-mêmes. Deux ans plus tard, Champlain en amenait de France trois autres avec vingt ouvriers, apport inestimable dans une colonie qui ne comptait que 55 âmes ; mais ce ne fut qu’en 1635 grâce à un don de 20000 livres fait par le comte de Gamache, que les jésuites purent poser les fondations de leur collège et de leur chapelle ; cinq ans plus tard, ces deux édifices brûlaient, malheur commun à toutes les maisons religieuses de la colonie à cette époque ; il faudrait être singulièrement porté à la plaisanterie pour y chercher le doigt de Dieu.