l’autorisation de fonder dans leur bourgade un autre couvent des Ursulines, ce qui fut fait en 1697. Il me semble inutile de m’étendre davantage sur les événements qui constituent l’histoire primitive des Ursulines, d’autant plus que le temps est précieux ; je dirai seulement un dernier mot sur la condition actuelle de cet établissement.
Les recettes provenant des élèves de la communauté ne s’élèvent jamais au niveau des dépenses, mais pour couvrir le déficit, les sœurs ont des propriétés considérables parmi lesquelles on peut mentionner ; le fief de Ste. Anne, dans la seigneurie Lauzon, le fief St. Joseph, dans la banlieue, et la seigneurie de Ste. Croix, enfin un terrain de 40 arpents en superficie sur les bords de la rivière St. Charles, dont leur avait fait cadeau le gouvernement français. C’est, dans le couvent des Ursulines qu’a été enterré Montcalm, et l’on peut y lire cette inscription qu’a déposée en 1832 le gouverneur-général Lord Aylmer : « Honneur à Montcalm ! le destin, en lui dérobant la victoire, l’a récompensé par une mort glorieuse. »
Vous connaissez tous la règle sévère de ce couvent qu’habitent seules les religieuses cloîtrées. Aucune personne du sexe masculin, ou du sexe laid, car il paraît que c’est la même chose, n’a pu dépasser le parloir de la communauté, lequel se trouve à l’entrée même. Cependant, il y a, dans l’espace de 265 ans, deux exceptions à cette règle ; l’une fut en faveur du Prince de Galles, lorsqu’il visita le Canada, il y a quinze ans ; son privilège royal le mettait au dessus de l’exclusion commune… l’autre, ah ! l’autre, c’est tout un poëme, je vais vous le raconter en prose.
C’était pendant la nuit du 18 octobre 1838. Deux prisonniers, qui resteront longtemps célèbres parmi les souvenirs de cette époque, Dodge et Theller, s’étaient enfuis de la citadelle avec une hardiesse et un bonheur in-