et pour le repos de son âme. Tel est le point de départ de l’Hôtel-Dieu. Trois Hospitalières partirent donc de Dieppe, le 4 Mai 1639, accompagnées de Mme de la Peltrie et de trois sœurs ursulines, pour venir fonder le premier hôpital du nouveau monde ; de ces trois Hospitalières, l’aînée, la supérieure, n’avait pas 29 ans, et la plus jeune seulement 22. À leur arrivée à Québec le 1er Août, ce fut une grande fête, une réjouissance, une manifestation comme on n’en vit pas pendant un siècle ; les magasins furent fermés, les troupes tenues sous les armes, tout travail suspendu et le canon tiré du fort. Les Hospitalières, en débarquant, embrassèrent la terre promise de leurs futurs labeurs, et, certes, de rudes labeurs les attendaient en effet, et surtout d’affreuses privations, une longue misère et des inquiétudes de tous les jours sur le sort du lendemain.
Elles eurent faim et elles avaient à peine pour tout vêtement que l’uniforme de leur ordre ; la colonie était si pauvre que non seulement elles ne trouvèrent pas les aliments nécessaires, mais qu’elles eurent à grand’peine pour se loger une petite maison qui n’avait pour tout ameublement qu’une table et deux bancs ; pendant quinze jours, après leur arrivée, elles couchèrent sur des branches d’arbres étendues à terre, et elles furent même obligées avant longtemps d’abandonner leur première installation, à cause des obstacles qu’offrait le roc et de la difficulté d’avoir de l’eau. Elles allèrent à Sillery où elles s’établirent près des jésuites ; mais, au bout de quatre ans, les Iroquois les ayant obligées à revenir, elles reprirent la construction de l’Hôtel-Dieu, le 16 mars 1646 ; on les vit alors aider elles-mêmes les ouvriers et travailler de leurs mains à la pose des pièces ; en 1649, elles pouvaient donner asile au reste des Hurons qui s’étaient réfugiés à Québec après leur dispersion par les Iroquois. Le premier Hôtel-Dieu était en bois et n’avait