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cains mettent encore un siècle à se décider à prendre Québec. À l’heure qu’il est, ces quatre tours feraient à un ennemi sérieux le même effet que ces croquemitaines en paille, le corps planté dans un manche à balai, qu’on s’imagine devoir effrayer les corneilles, suivant ce qu’affirme l’usage traditionnel, chose sacrée qui menace de devenir de plus en plus la routine ou l’encroûtement.

Après avoir quitté l’enceinte de la citadelle, nous suivrons le rempart et nous traverserons la rue St. Louis sur un pont qui sera construit à l’endroit où était l’ancienne porte. Les glacis qui s’étendent à gauche, jusqu’à la rue St. Jean, seront complètement nivelés pour faire place à un joli parc entouré d’une grille ; la porte St. Jean sera démolie à son tour, malgré l’admiration qu’elle inspire aux gens familiarisés avec les grands monuments grecs ou romains ; un pont la remplacera également, et nous continuerons jusqu’à la rue Richelieu qui fera, aussi elle, comme je l’ai dit plus haut, brèche à travers le rempart et ira rejoindre la rue Ste. Hélène qui passe devant l’église irlandaise. Rappelons en passant, Messieurs, que cette église date déjà de 1832, année terrible que deux générations se rappellent encore avec effroi, et, qu’à l’occasion de sa fondation, les protestants de Québec se signalèrent, malgré la terreur qu’un fléau jusqu’alors inconnu répandait sur la ville en la faisant déserter de ses meilleures familles ; c’est de leur part en effet que vinrent les plus généreuses souscriptions pour la construction de l’église St. Patrick.

Après avoir passé la porte St. Jean, nous suivons sur le rempart la rue de l’Arsenal, nous longeons le jardin militaire, puis nous débouchons sur la rue du Palais en laissant derrière nous les casernes de l’artillerie que les français avaient commencé à bâtir en 1750. Nous traversons la rue du Palais et nous montons par une pente, que le tra-