Il convient, Messieurs, que nous partions du point de départ, c’est-à-dire du périmètre même de la citadelle, et c’est ici que trouvent leur place naturelle quelques mots sur l’histoire des fortifications de Québec.
Le Canada fut dès l’origine une colonie religieuse et son gouvernement un gouvernement théocratique. Convertir les sauvages, les gagner à la foi catholique, tel était le premier objet de ses fondateurs, objet déclaré, maintes fois proclamé. Il était donc nécessaire à l’efficacité de ce but que les établissements religieux prissent pied, qu’ils pussent se maintenir et fussent protégés contre les attaques continuelles des sauvages ennemis qui pouvaient tout oser impunément sur le petit groupe de maisons dont se composait alors la colonie entière. De là, l’origine des fortifications.
Champlain avait jeté dès l’année 1620 les fondements d’un fort qui devint avec le temps le château St. Louis, et, pour y parvenir du bas du cap, il avait fait ouvrir un sentier tortueux qui fut plus tard la côte de la Montagne. Montmagny, son successeur, fit construire en 1636 un rempart de cèdre et de chêne rempli de terre et capable de porter des canons. Le fort avait alors quatre arpents carrés et formait un parallélogramme à chaque angle duquel, faisant face à la ville, le gouverneur fit élever un bastion en pierre. Soixante ans plus tard, Frontenac fit élever onze redoutes communiquant entre elles par des courtines de dix pieds de hauteur, faites de pieux et soutenues par des remblais de terre. Sur un côté du fort, il y avait une batterie de huit canons ; les fortifications s’étendaient alors, c’est-à-dire à la fin du dix-septième siècle, depuis le palais de l’Intendant dont on voit encore les ruines (ce palais a été détruit par les troupes du général Arnold, lors du dernier siège de Québec, il y a juste cent ans), jusqu’au cap Diamand, embrassant toute la haute-ville, et, depuis le palais en suivant