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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

tions erronées, tous les préjugés communément entretenus sur la région qui forme le nord du St. Laurent ne fleurissaient-ils pas encore dans toute leur verdeur et leur indomptable ténacité ? Pourquoi fonder de nouveaux établissements dans cette région réputée inaccessible, quand il y avait tant de vastes espaces encore inhabités en arrière de la rive sud du fleuve ? Qu’irait-on chercher dans ce désert glacial où l’homme ne pouvait vivre, encore moins les animaux domestiques ? Ne disait-on pas de même, il y a quelques années à peine, qu’il n’y avait que du sable le long de la Saskatchewan dans le Nord-Ouest, qu’on ne tirerait jamais rien de ce pays, et ce sable ne donne-t-il pas aujourd’hui cinquante boisseaux de froment à l’acre ? On ignorait toutes les richesses merveilleuses d’un sol regardé comme inculte. On ignorait que, dans certaines parties de la région septentrionale, il fait moins froid, grâce à la disposition des lieux, à la direction des vents, que dans d’autres parties du sud considérées comme bien plus favorables aux établissements. On pouvait bien ignorer la nature du pays, puisqu’on ignorait le pays lui-même. Géographiquement, la vallée de l’Outaouais n’a été bien établie et bien déterminée, quant à ses caractères et à ses ressources, que depuis un très petit nombre d’années. Et la colonisation elle-même ne fait qu’y commencer, en même temps que l’exploi-