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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

qu’imprévu, et qui cependant n’est rien encore en regard de ce que leur réserve l’avenir. Combien de parties de la province, déjà anciennes, depuis longtemps renommées, sont encore loin des chemins de fer ou de toute autre voie de communication rapide ! Qui eût pu songer, il y a moins d’un quart de siècle, alors que l’idée seule de faire de Bytown la capitale d’une vaste confédération faisait sourire jusqu’aux plus téméraires, que cet entrepôt sauvage, à peine connu, serait aujourd’hui traversé par six voies ferrées, dont l’une a un parcours de près de quatre mille milles ! À partir de Bytown, autour de Bytown même, l’immense, la profonde et mystérieuse forêt commençait pour ne plus s’interrompre jusqu’à la lointaine et fabuleuse région des prairies. S’il y avait quelque culture, elle était isolée. On voyait çà et là des champs, des jardins, des habitations échelonnées à de longs intervalles le long de la rivière des Outaouais, jusqu’à vingt ou trente milles de la capitale actuelle, mais nulle part n’apparaissait la moindre tentative de colonisation à un point de vue général, pour la conquête méthodique et progressive du sol. Y aurait-on même songé ? N’y avait-il pas à peupler d’abord toute la partie supérieure des comtés de Joliette, de Montcalm, de Terrebonne, presque tout Argenteuil, sans compter l’immense comté d’Outaouais qui n’existait guère que sur la carte ? Et puis, toutes les no-