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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

n’avait ni religion, ni famille, ni demeure établie. On le voyait descendre, à certaines époques de l’année, sur les nombreux trains de bois (communément appelés cages) qui alors sillonnaient la grande rivière des Outaouais et le St. Laurent lui-même, et sa présence était le signal de récits effrayants, grossis à chaque passage et devenus l’épouvantement des filles trop longtemps majeures et des enfants rebelles à la persuasion, aux impuissantes exhortations des mères et des bonnes à la main trop douce.

La capitale fédérale elle-même, qui compte aujourd’hui plus de trente mille habitants, six lignes de chemins de fer, des édifices somptueux, des monuments, des parcs, de larges rues bordées de riches magasins, des résidences luxueuses, des musées, des hôtels de premier ordre et jusqu’à des restaurants où il est possible de trouver du café potable, n’était alors sous le nom de Bytown, nom tiré de celui de By, un commerçant de bois de l’époque, qu’un vaste entrepôt de provisions pour les hommes de chantier et le site de deux ou trois scieries, véritables jouets d’enfants, comparées aux merveilleuses scieries de nos jours qui débitent plusieurs centaines de millions de pieds de bois tous les ans.

Ça été le privilége des deux plus grandes vallées de notre pays, celle du Lac St. Jean et celle de l’Outaouais, d’avoir eu un développement aussi rapide