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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

entend dire que dans quelques années les incommensurables forêts du nouveau monde auront disparu. Rien n’est plus vrai cependant. Il est positif, d’après les calculs les plus précis, qu’au train où vont les abattages, sans tenir compte de l’accroissement de vitesse suivant lequel ils procèdent, huit années suffiront pour dépouiller entièrement le nord des États-Unis du pin blanc et de l’espèce dite spruce, qui sont les essences composant la grande masse de l’approvisionnement indispensable aux usages de première nécessité.

Passe encore si la production indigène pouvait être remplacée par l’importation étrangère ; mais cela est impossible pour deux raisons. La première, c’est qu’il en coûterait trop d’argent ; la seconde, c’est qu’on ne trouverait l’équivalent dans aucun pays du monde. La valeur des bois actuellement tirés du nord des États-Unis excède 200 millions de dollars par an, et elle augmente tous les jours. Or, c’est être très modéré de supposer que le même bois importé reviendrait à plus du double.

L’Angleterre, qui possède du charbon à bon marché, et qui, avec la main d’œuvre moins chère qu’en ce pays, peut s’approvisionner aisément dans le nord de l’Europe, dépense annuellement $100,000,000 pour se procurer les bois dont elle a besoin. »