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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

au-dessus de son niveau normal ; vingt mille personnes étaient sans asile, dix mille à Louisville où trois mille maisons étaient abandonnées, et de même dans des proportions pareilles sur tous les points accessibles. Les eaux du Mississippi, incessamment accrues par des pluies torrentielles qui accéléraient la fonte d’immenses entassements de neige suspendus aux flancs des montagnes, semblaient attendre le moment de décharger leurs torrents par ces vomitoires élargis sur les campagnes à peine asséchées des dernières inondations.[1] À la vue de ce navrant et terrible spectacle et sous l’empire des émotions douloureuses qu’il en ressentait, un économiste américain du jour n’a pu s’empêcher de s’écrier :

« La cause de ces incomparables calamités, aggravées d’année en année, est dans le déboisement des montagnes et des collines des États de New-York, de la Pennsylvanie et de la Virginie occidentale, d’où découlent les eaux amères de l’Ohio. Les belles et puissantes forêts dont la nature a doté cette région tombent sous la cognée avec une rapidité effrayante et auront bientôt disparu, laissant le roc dénudé là

  1. L’année dernière encore, le Mississippi a débordé avec tant de force que ses flots avaient envahi des centaines de mille acres et menacé les moissons d’une destruction totale. On comptait par millions de dollars les dommages causés dès le début de la catastrophe.