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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

d’emmagasiner les eaux de pluie après qu’elles sont tombées. Elles empêchent l’eau de s’écouler trop rapidement sur la surface de la terre ; elles alimentent les sources, elles retardent la fonte des neiges, elles restreignent l’évaporation et maintiennent l’égalité de température, elles mitigent la violence des vents destructeurs, enfin elles retiennent le sol sur le penchant des montagnes escarpées et l’empêchent de se précipiter jusqu’au fond des vallées, entraînant avec lui toute la matière organique qui en fait la richesse. »

C’est pour avoir oublié ces lois de l’économie physique du globe, que l’Ohio se voit exposé depuis un quart de siècle à d’épouvantables calamités qui ravagent périodiquement son sol comblé d’ailleurs de tous les dons de la nature. Il possédait naguère d’immenses richesses rien qu’en noyers qui couvraient presque toute la surface de son territoire. Il a commis la folie de les considérer comme un embarras et il les a abattus violemment, sans règle, sans méthode. Pressé de jouir, il a voulu recueillir vite le fruit de la vente de ses arbres et il a expédié le tout de l’autre côté de l’Atlantique. Il est maintenant dénudé ; difficilement trouverait-on dans toute son étendue un arbre de première dimension. De 1853 à 1870 il a abattu quatre millions cinq cent mille acres de bois de charpente, la moitié du territoire de l’État.