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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

considérer les forêts ; sans doute, au seul point de vue des profits qu’on en retire, elles valent bien tous les soins et toute la protection qu’il est possible de leur accorder, car elles rapportent annuellement pour près de $450,000,000 de matière brute, et de l’emploi, directement ou indirectement, à près de 500,000 hommes.

    forestière, un véritable saccage, une extermination aveugle, brutale, furieuse, des plus belles essences de bois qui existent au monde, Une industrie qui aurait pu tourner au profit de la province et l’enrichir de façon à lui permettre d’accomplir de grands travaux publics sans s’endetter, a failli tourner à sa ruine complète, ou, du moins, l’a énormément retardée dans sa croissance, dans la voie de ses progrès indispensables, si impérieusement commandés aux jeunes peuples qui veulent se maintenir à un niveau proportionnel avec les autres.

    On a cru jusqu’à présent qu’il y avait un antagonisme nécessaire, fatal, entre le défricheur et le marchand de bois, et on les a constamment opposés l’un à l’autre, parce qu’il était d’usage d’en agir ainsi, et parce que la routine, qui commande aux idées comme aux pratiques dans notre pays, le voulait de la sorte. Mais rien n’est plus injuste, ni plus déraisonnable. Les droits et les intérêts du défricheur sont, à coup sûr, en opposition directe avec les « vandales » de la forêt, avec les destructeurs acharnés des plus riches et des plus productives régions de la province, mais ils ne sont pas en opposition avec une industrie sérieuse, honnête, réglée, qui ne s’exerce pas à la condition de ruiner tout un pays pour s’alimenter et se satisfaire.

    L’industrie forestière, que l’on a toujours regardée comme indépendante de la colonisation, qu’on a même cru lui être hostile, a non seulement des rapports intimes avec elle, mais lui est même subordonnée. C’est en effet par l’extension de la colonisation seulement qu’on arrivera à régler l’exploitation forestière, à la rendre