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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

de progrès s’était répandue dans le Canada. À côté de nous, la province d’Ontario avait parcouru de superbes étapes ; elle se rayait de chemins de fer qui reliaient entre eux tous les endroits de quelque importance et s’épanouissaient jusque dans le lointain district de Muskoka, sur les bords de la baie Georgienne. Elle offrait toute espèce d’appâts à l’émigrant européen, et doublait, triplait l’étendue de ses ressources par le zèle avec lequel elle les faisait valoir. Son activité était incessante, et quoiqu’elle eût, elle aussi, des partis politiques irréconciliables, l’esprit de parti s’y effaçait invariablement devant l’esprit public, et Ontario marchait à pas de géant vers des destinées qu’elle croira longtemps encore supérieures à celles des autres provinces de la confédération.

Un tel exemple devait être contagieux. Il était impossible qu’un jeune pays, plein de sève, comme le nôtre, restât indéfiniment inerte. Le spectacle de ses forces immobilisées, sans qu’il sût comment les rendre utiles, finit par lui porter sur les nerfs, et il chercha des voies nouvelles pour son activité, des objets nouveaux vers lesquels la diriger, tous les moyens enfin de sortir de l’arrière-plan où il languissait, de se créer une vie propre au milieu des autres provinces.