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jusque bien avant dans la nuit les récits auxquels ils s’amusent et s’intéressent comme font les enfants aux contes de leurs bonnes. Le lendemain, ils vont faire leurs emplettes au magasin du poste. Ce magasin est bien, en vérité ce qui peut leur convenir le mieux. On y voit toute espèce de choses, jusqu’à des peaux de lapins noirs, la plus grande des raretés. On y trouve les articles de confection les plus variés, tous d’excellente étoffe, et des couvertures de laine qui se vendent douze dollars la pièce, et sont fabriquées spécialement et uniquement pour la Compagnie de la baie d’Hudson. Les Indiens achètent tout ce qu’ils peuvent avec le produit des peaux qu’ils ont apportées. Ils font emplette des étoffes les plus belles et les plus coûteuses, ainsi que des plus riches flanelles pour les doubler. Rien n’est trop beau pour eux. Ils brûlent de pouvoir dire à leurs squaws, en les revoyant au wigwam, qu’ils leur apportent ce qu’il y avait de plus cher et de plus éblouissant dans le magasin, en même temps que ce qui les rendra magnifiques eux-mêmes, au jour de la grande fête annuelle. C’est là le seul plaisir que ces pauvres gens ont pendant toute l’année ; mais voilà que cela même va disparaître bientôt devant la marche de la civilisation, comme ont disparu du sol de l’Amérique des nations entières d’Indiens, dont on ne trouve plus le souvenir que dans les romans de Fenimore Cooper.