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qui, tout en étant encore relativement abondant, a dû émigrer d’un bon nombre de nos lacs et de nos rivières où il élevait jadis ses ingénieuses constructions. Il en sera ainsi peut-être avant longtemps de l’orignal, ou élan d’Amérique, qui est le plus grand cerf du nouveau monde. Autrefois, l’orignal abondait en Canada ; on le trouvait même fréquemment au sud, jusqu’aux bords de l’Ohio. Maintenant, aux États-Unis, pour le rencontrer, il faut pénétrer dans les forêts les plus septentrionales, ou dans les bois que renferme le parc national de Yellowstone. Dans la province de Québec, les chasseurs l’ont petit à petit

    la proue à la poupe, ou plutôt depuis un bout jusqu’à l’autre bout, car les deux bouts du canot sont semblables. On recouvre cette charpente de l’écorce d’un gros arbre de bouleau, en faisant le moins de couture qu’il est possible pour le mettre dans une forme convenable. Ces écorces sont cousues ensemble avec des fibres de bois, et sont mises à l’épreuve de l’eau au moyen d’une composition de gomme résineuse préparée à cet effet, que les sauvages et les voyageurs emportent toujours avec eux pour servir aux réparations qui peuvent devenir nécessaires. La charpente est affermie et maintenue dans sa forme par un fort plat-bord et des pièces en travers comme les bancs de rameurs d’une chaloupe. On ne peut pas se former une véritable idée du canot sans en voir un dessin ou un modèle. La cale ou le fond est plat, les côtés sont enflés, les plats-bords sont inclinés en dedans. La courbure en longueur des côtés du canot est plus grande vers le centre, et diminue graduellement vers les extrémités, qui se terminent en une espèce de proue relevée, offrant à la surface de l’eau la moindre résistance.

    Telle est la frêle embarcation, qui se briserait au moindre choc,