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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR


V


Ici, il est indispensable de retourner un moment sur nos pas et de remonter jusqu’à l’époque néfaste d’abandon et de laisser-faire dont nous avons parlé précédemment, alors que le peuple canadien ne comprenait plus où le conduisaient ses gouvernants, ni ce qu’allaient être ses destinées. Il ne les entrevoyait même pas confusément, il se sentait de plus en plus amoindri, effacé, borné à un étroit horizon relégué à sa province de Québec comme dans une « réserve » et restant étranger au mouvement général, puisqu’il était un peuple à part, remplissant un rôle unique et poursuivant des destinées spéciales. Mais ce n’était là qu’une apparence. Nous traversions une phase peut-être nécessaire de notre développement, nous subissions une crise dans notre croissance. C’est dans ces époques troublées et obscures que surgissent des hommes dont la mission est d’accomplir ce que ne veulent pas faire ou n’essaient pas de faire les gouvernements.

Qu’on me permette, tandis que je jette à la hâte un regard rétrospectif sur notre histoire encore