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pauvres, ils trouvaient que le voyage leur avait déjà coûté assez cher. Les Pères leur fournissaient souvent toute sorte de provisions. Les familles entières venaient camper, qui n’avaient pas même une bouchée de pain à manger. Tout ce monde était à notre charge, et s’il avait fallu tenir compte de tout ce qu’il nous en a coûté, nous serions créanciers d’un bien grand nombre de personnes. »

Un petit canot venait de s’arrêter à la passerelle qui sert de quai devant la Mission. Nous y montâmes, le Père Fafard et moi, et l’instant d’après nous touchions l’autre rive, sur laquelle apparaissent tout d’abord les ruines de la première chapelle des missionnaires.

Elle n’est pourtant pas bien ancienne, cette chapelle, pour être déjà en ruine, puisqu’elle ne date que de 1835. Mais c’était une construction en planches mal jointes, toute temporaire, élevée seulement pour les besoins du moment, pour rassembler les Indiens une fois ou deux par année. Aussi, depuis qu’elle a été abandonnée définitivement, la moisissure s’est-elle vite emparée d’elle, et l’a rongée et déchiquetée morceau par morceau. Le toit est effondré, les fenêtres sont béantes, les poutres et les planches sont vermoulues, s’affaissent ; le squelette seul est debout, avec la façade percée de deux châssis, un de chaque côté du clocher qui a l’air d’agoniser dans le ciel.

Vous jetez un dernier regard sur ce misérable dé-