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Au sortir de la chapelle, le Père Fafard m’amenant sur le rivage :

« Voyez, me dit-il, cette magnifique baie, et plus loin, le lac qui continue sur une longueur d’environ 45 milles, sans compter la partie supérieure qui en mesure environ vingt-cinq. Partout l’eau est si profonde qu’avec un bateau d’un faible tirant on pourrait pénétrer jusqu’au rivage des plus petites baies, des plus petites criques, outre que sur le lac même on pourrait naviguer avec un très grand steamer. Si l’on bâtissait un hôtel ici, à l’entrée de la passe, que les Anglais appellent The Narrows, et que l’on mît des yachts au service des touristes, on y ferait fortune. Quant à nous, il nous est impossible de faire plus que nous n’avons fait. Nous avons bâti jusqu’aujourd’hui sans cotisation, et nos dépenses avec nos constructions nouvelles, se montent à quarante-cinq dollars par jour. C’est bien le moins que nous possédions une étendue de terre assez considérable pour nous permettre de soutenir notre maison et plus tard entretenir des écoles.

L’atmosphère sur le lac et le pays environnant est délicieuse, d’une pureté exquise ; mais parfois le lac devient tout à coup furieux, impossible pour la navigation en canot. Les gens qui sont venus à la Mission le matin ne peuvent s’en retourner à midi. Jusqu’à l’année dernière, tout le monde venait chez nous ; notre maison était un véritable hôtel. Les jours de fête, les Pères ont donné jusqu’à cent repas aux gens qui allaient faire leurs affaires au poste, ou bien aux voyageurs qui étaient retenus à la Mission, parce qu’il n’y avait pas, comme aujourd’hui, un service régulier de bateau à vapeur. Les voyageurs n’avaient pas d’autre endroit où aller, en sorte que tout cela était un lourd fardeau pour notre maison. Quant aux gens habitant le pays, et qui sont généralement