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de la baie. Cette scierie, à peine à ses débuts, ne pouvait déjà plus suffire aux besoins toujours croissants des colons. À quelque chose, on le voit, le mal est bon.

Ce qui fera la fortune agricole du Témiscamingue, pendant un certain nombre d’années encore, ce sont les chantiers. On ne saurait croire ce qu’ils consomment de produits agricoles, et ces produits se vendent extrêmement cher sur les lieux, vu l’éloignement des grands centres et l’enfance des communications. On pourra s’en faire une idée en se rappelant que le foin coûte $35.00 la tonne et les pommes de terre un dollar cinquante le sac, et qu’un seul arpent peut en donner jusqu’à 200 sacs.

Comme il n’y a pas de distances à parcourir, à cause de l’absence de routes, et que les lots ne sont que très partiellement défrichés, on ne se sert pas de voitures, mais on transporte le foin sur de grands traîneaux plats.

Le seul combustible en usage est le pin rouge.

À l’entrée de la baie s’avance un fort beau quai de quatre cent cinquante pieds de longueur, auquel se tient le bateau à vapeur Minerve, qui a été entièrement construit sur les lieux, dans le cours d’un hiver. Ajoutons qu’il est d’une forme nouvelle et d’une élégance qui ne laisse pas que de surprendre.