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que ce qu’elle sera dans une dizaine d’années d’ici, quand elle aura pris toutes ses dimensions, qu’elle aura reçu la plupart des améliorations nécessaires, qu’elle sera en plein rapport, donnera la variété de produits dont elle est susceptible, et que les Oblats auront entouré leur monastère des plantations et des jardins indispensables, d’autant plus faciles à disposer à leur gré qu’ils ont pour cela tout l’espace désirable. Alors, oui alors, ce sera magnifique, ce mot n’est pas de trop, tant à cause du sol dont la fertilité est reconnue qu’à cause du site qui sera un des endroits d’attraction de l’avenir.

Sur le sommet d’un coteau brisé de cent manières, offrant tantôt des saillies brusques, tantôt des pentes douces, des massifs d’arbustes, des mamelons crevassés et marqués de quelques rides de feuillage, des fragments isolés de culture, des touffes de verdure odorante luttant avec les broussailles, le monastère domine, à une hauteur d’environ cinquante toises, toute la campagne environnante. À ses pieds se déroule la baie dans son contour irréprochable, avec sa puissante ceinture de rochers granitiques, surmontée d’une colline abrupte et désolée que les longs squelettes des pins rouges, dévorés par le feu et restés debout, semblent cheviller et clouer sur le sol. En arrière s’étend la ferme avec ses cultures variées de foin, de légumes et de céréales, et plus loin en-