ché. C’est ici le centre des affaires, le point de départ et d’arrivée de l’élégant et rapide bateau à vapeur Minerve, qui fait un service régulier, deux fois par semaine, d’un bout à l’autre du lac. C’est ici qu’est le bureau de poste pour toute la région du Témiscamingue, et l’entrepôt général pour l’approvisionnement des colons et des chantiers ; c’est ici que se sont établies les industries naissantes et que se groupent tous ceux, marchands, industriels, artisans ou autres, qui veulent tenter une fortune nouvelle et qui ont flairé l’avenir. Et cependant il n’y avait absolument à la baie, il y a trois ans à peine, que la ferme des Oblats et celle d’un vieux « squatter » irlandais, du nom de Kelly, établi dans cet endroit depuis une vingtaine d’années.
Cette ferme des Oblats est considérable, elle occupe presque tout le fond de la baie et s’étend à plusieurs centaines d’arpents en arrière. En outre, les Pères possèdent une bonne partie du littoral et toute l’extrémité supérieure de la baie, qui s’appelle la « Pointe au Vin ». On dit qu’autrefois la Compagnie de la baie d’Hudson vendait du whisky aux sauvages ; mais comme ce trafic homicide était prohibé dans les environs du poste, à cause du désordre et des rixes qu’il occasionnait, les sauvages avaient pris l’habitude de se rendre à la pointe pour y rencontrer les sous-employés de la compagnie qui leur