câbles. Puis ils les équarrirent et les façonnèrent tant bien que mal pour les mettre en charpente. Tout l’hiver, comme les années suivantes, ils se nourrirent uniquement de poisson et de lièvres. Il leur fallait faire les ouvrages les plus grossiers et les plus vulgaires, étant leurs seuls ouvriers et leurs propres serviteurs. Enfin, au bout de quelques mois, ils avaient réussi à construire un semblant d’habitation qui devait recevoir avec le temps de nombreux agrandissements et améliorations.
« Nous sommes entrés dans notre nouvelle demeure, écrivit alors le Père Pian. Pour tout meuble nous n’avons qu’un banc ; nous couchons sur le plancher, les yeux tournés vers la cheminée, sans crainte de faire une chute. Si sainte Thérèse visitait notre maison, elle n’y trouverait certainement rien de contraire à la pauvreté. »
Comme on le voit, ces commencements furent plus que modestes, et rien n’aurait pu faire présager alors, dans l’informe toit élevé à la hâte et par des mains inhabiles, sur les bords d’un lac désert, l’important établissement qu’allait devenir en peu d’années la Mission des Oblats du Témiscamingue. Personne n’eût osé rêver alors les transformations qui se sont accomplies dans l’ouest de la province et qui l’ont révolutionné au point de permettre à cet asile obscur, ignoré et si lointain, de se métamorphoser