Page:Buies - L'Outaouais supérieur, 1889.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

une vaste contrée à peu près inhabitée, couverte de forêts, remplie de montagnes à travers lesquelles il semblait impossible de se frayer un chemin, des rivières, des lacs sans nombre, et, en moins de quinze ans, il y a domicilié plus de quatre mille âmes, familles de colons venues des comtés voisins, et surtout, du sud du comté de Terrebonne qui était son principal foyer d’opérations, son fournisseur d’hommes par excellence. Lui-même, en tête des pionniers, il ouvrait le chemin avec la hache au milieu de la forêt ; il les guidait, vivait de leur vie dans les « chantiers », ne les laissait que pour retourner en passant à sa paroisse, ou pour faire des voyages continuels par des chemins impraticables, ou enfin pour se rendre auprès des gouvernements où un temps précieux se passait à solliciter des secours, à démontrer, l’injustice des lois de colonisation, à secouer les inerties, à stimuler les lenteurs officielles et à enlever de haute lutte, quand il y parvenait, quelques lambeaux d’appui, quelques miettes d’aide pour ses défricheurs, ces hommes les plus précieux de toute notre population, les plus dignes, non pas seulement de la sollicitude, mais bien plutôt des faveurs des pouvoirs publics. Ces choses-là sont notoires.

Le curé Labelle jetait en même temps les fondements de la « Société de colonisation » de Montréal, laquelle devait recueillir des fonds et des dons pour le