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étendue à parcourir de plus de cinq cents lieues carrées, au sein de contrée absolument sauvages et sans autre véhicule que le canot d’écorce. Il serait puéril de faire remarquer ce qu’un pareil apostolat renfermait de périls, de privations de toute nature, de souffrances physiques et morales au-dessus des forces purement humaines, et combien il exigeait d’abnégation, d’oubli de soi-même, de dévouement infini. Les Jésuites disparus du Canada, les Indiens étaient restés privés de « celui qui répand la lumière », comme ils appellent le missionnaire.

En 1836, un sulpicien du lac des Deux-Montagnes, M. Charles Bellefeuille, se rendit le premier au Témiscamingue pour y exercer le ministère d’apôtre. Il y retourna pendant quatre années consécutives, jusqu’à ce qu’il fût remplacé, en 1839, par M. Poiré, qui devait être un jour supérieur du collége naissant de Saint-Anne-la-Pocatière.

En 1841, M. Poiré cédait la place à M. Moreau, devenu dans la suite vicaire général ; et deux ans plus tard, arrivait à son tour le premier oblat missionnaire, le Père Laverlochère, un homme dont le souvenir est impérissable et qui fut le symbole de la vertu héroïque, de la charité inépuisable, de l’éloquence passionnée qui ouvre toutes grandes les portes du ciel et y pousse les âmes dans les transports du repentir et de l’espérance.