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fait halte, et se groupe autour d’un massif de verdure où l’on a dressé un oratoire, chargé, comme la chapelle, d’ornements aux couleurs les plus vives et les plus éclatantes, afin de mieux saisir l’imagination grossière des Indiens. Un immense chant, poussé par cinq cents poitrines, va frapper les échos sonores qui s’éveillent et se poursuivent les uns les autres jusqu’à leurs plus lointaines retraites. Pas une voix qui ne se fasse entendre ; pas une âme humaine qui ne soit là attentive. L’évêque, debout sur les marches de l’oratoire, se tourne vers la foule. Il élève les bras au-dessus de sa tête, dessine dans les cieux avec l’ostensoir le signe rédempteur et prononce la bénédiction divine, à laquelle répond le « Laudate Deum », entonné par les fidèles. Puis, les derniers actes de la cérémonie s’accomplissent, la foule murmure un dernier chant en redescendant la colline, et bientôt on la voit se répandre de nouveau sur la plage, dans la maison des Pères et dans les wigwams, mais cette fois bruyante, animée, transportée d’enthousiasme et songeant déjà aux longs récits que chacun fera de retour aux foyers lointains.


II


Bien avant les Oblats, les Jésuites avaient évangélisé les Indiens du pays de l’Outaouais et de l’Abittibi à la baie d’Hudson, ce qui leur faisait une