tiennent, et celle des Pères du Témiscamingue s’étend jusqu’au voisinage de la baie d’Hudson !
Dès le point du jour, ils arrivent ici en foule dans leurs canots, avec leurs femmes et leurs enfants, déjà attifés de leurs costumes pittoresques et multicolores, et se répandent de tous côtés, envahissant la Mission, s’abordant, se questionnant, se demandant mille choses, mais sans tumulte, sans bruit, avec une étrange tempérance de mouvements — car l’Indien est sobre de gestes et de paroles, — pendant que tout autour d’eux court ce murmure d’allégresse qui semble chanter dans l’air, que sur la plage arrivent incessamment de nouveaux canots, que le va-et-vient ne cesse pas et que les apprêts les plus chatoyants, les plus pompeux, se font pour l’unique et touchante cérémonie.
Et ce ne sont pas seulement les Indiens qui sont venus, mais encore les colons des endroits les plus reculés, des voyageurs, quelquefois assez nombreux ; en sorte que ce rivage, la veille encore si tranquille et si désert, se voit inondé aujourd’hui par une foule bariolée, revêtue de tous les costumes et présentant les aspects les plus divers et les plus bizarres.
La petite cloche de la chapelle fait entendre son carillon grêle. La foule entière, recueillie, muette, s’avance comme une longue vague vers l’humble sanctuaire que l’on aperçoit à cent pas en arrière du