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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

d’un riche concessionnaire, de la seule ressource qui leur eût permis d’attendre un an ou deux le produit le leurs défrichements, étaient prêts à commettre des actes d’un épouvantable vandalisme. Accablés de découragement, poussés aux dernières extrémités de la fureur et du désespoir, ils étaient prêts à consommer eux-mêmes la ruine de nos forêts, à attiser, à allumer de leurs propres mains les incendies qui les dévorent, à détruire enfin, par une dévastation sauvage et sans frein, cette industrie forestière qui détruisait leurs foyers et les chassait, eux, leurs femmes et leurs enfants, du sol de leurs pères.


IV


Jusqu’aujourd’hui la colonisation, comme on a pu en juger par les pages qui précèdent, a été une œuvre toute de hasard, d’inconséquences, une œuvre sans suite, sans méthode, s’accomplissant sans l’intelligence du principe qui est au fond de toute œuvre sérieuse, et sans la lumière de ce principe. Ici, nous faisons abstraction, bien entendu, des individualités qui, quoique placées dans des situations importantes et responsables, ne pouvaient rien contre l’état des choses ni ne pouvaient conduire l’attelage, puisqu’elles n’en tenaient pas les rênes.