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jusqu’à 90 pour cent de matière fertilisante, on avait continué néanmoins d’en méconnaître l’existence. On ignorait assez généralement la valeur de ce produit minéral ; et puis, on lit si peu les livres officiels ! La routine, dont nous nous débarrassons assez rapidement, depuis quelques années que nous nous sommes mis à ouvrir les yeux, conservait encore tout son empire. Enfin, la politique, cette politique absorbante qui laisse à peine quelques rares loisirs pour l’étude des ressources du pays et de ses véritables intérêts, avait empêché qu’on ne prêtât quelque attention aux indications de sir William Logan. Il n’est donc pas étonnant qu’à l’étranger, la découverte de nos phosphates fût aussi une chose absolument inconnue.

« Il semblerait, dit M. Octave Cuisset, que les Anglais qui allaient fouiller tous les coins du monde, partout où ils pouvaient trouver un aliment de phosphate pour leurs terres, eussent dû les premiers s’émouvoir d’une pareille découverte faite dans une de leurs colonies, et l’on peut s’étonner à juste titre si le contraire arriva. S’il se fussent occupés de la chose, l’exploitation des immenses gisements que possède le Canada serait en pleine activité depuis plus de dix ans, et n’eût-on produit que l’approvisionnement de l’Angleterre seule, c’est-à-dire la quantité qu’elle importe chaque année, que l’industrie minière du phosphate en ce pays eût déjà acquis un mouvement des plus avantageux. Mais la découverte demeura presque inaperçue pendant plusieurs années. Cependant, vers 1875 ou 1876, la question des phosphates en Canada fut considérée avec plus d’attention ; des échantillons furent envoyés à l’Exposition internationale de Paris, en 1878, et ces spécimens attirèrent vivement l’attention des hommes compétents. Dans les années qui suivirent, quelques tentatives